Ligne-Art

LIGNE-ART

Vitrine artistique des oeuvres de Denis Lintz & Sylvie Gambetti

Art Littéraire

La Poésie

Expression poétique personnelle, la poésie libre est empreinte de lyrisme et le sens du sacré y est omniprésent. Thèmes privilégiés : l'évolution de la société, l'homme et la nature sacrifiés, la rêverie, les souvenirs d'enfance.

“ ... Et puis un jour - souvent lors d’une rencontre amoureuse, le cœur en émoi - la poésie vient à nous et l’on écrit son premier poème ; puis la vie nous emporte sur ses grandes ailes et la poésie "elle", tombe dans les limbes de l’oubli.
Mais si vous êtes poètes curieux d’âme et d’invisible, le chant intérieur "lui" ne meurt pas et tôt ou tard il va chercher à refaire surface. Les mots sonnent à votre porte ils veulent exister, chanter l’Amour et la Révolte et la Nature et les Hommes « TOUT QUOI », tout est sujet à faire de la poésie !
Seul avec lui-même l’imaginaire du poète nous égare, construit des univers, se joue de la camarde, dénonce les injustices … il voudrait tant que le monde soit plus beau ! ”
Denis Lintz

"L'art ne fait que des vers, le coeur seul est poète" (André CHÉNIER)

Poésies, Denis Lintz


Poésies en mode aléatoire


"L'étonnement est la racine même de la poésie"


Rêverie



Se laisser aller
aux va-et-vient de mes anges
aux vents de novembre
aux neiges de janvier
baîller aux corneilles
aux graines qui s'envolent
- nourrir -
la grande volière du ciel
... ses petites, ses immenses ailes


Vendanges



Coteau plein soleil
rustiques, quelques ceps de vigne
quelques miraculés
en ces terres devenues friches
me parlent d'un autre temps
d'autres gens, que j'ai bien connus

- les opiniâtres, les courageux -

"Ces gens n'avaient pas le sou
... mais de leurs mains
de leurs belles mains faisaient tout"


Svoboda *



Prêt à tout

Revenir au pays à tout prix
être avec les siens
sous les bombes
dans le froid
dans la faim
au ventre la peur
mais être avec les siens
pour que la flamme demeure
la flamme de l'espoir
- indestructible -

Former tous ensemble
la résistance ultime
contre l’oppresseur, le dictateur

- L I B E R T E -

Prêt à tout
plutôt mourir
que de perdre ce besoin vital

Tout homme le porte en lui
dans le sang de ses veines

- L I B E R T E -

Drapée de jaune et de bleu
une statue
éclaire le monde


(* Liberté en Ukrainien).


Ligne-art-Poésie - La silhouette du temps qui passe
Photo~poème


Richesses passées



De La Neuville
au cœur du village fleuri
la ferme n'est plus
il nous reste l'ancienne tour, épargnée
sa porte cochère
restaurée à l'identique

A son dessous, bien alignés
les pavés font entendre à nouveau
le pas des chevaux
les cerclages de fer des carrioles
chargées de foins odorants
séchés aux vents
des ardents soleils de juin

Ils seront portés aux lucarnes
des mystérieux greniers remplis de vide
couvrant les écuries blanchies de chaux
aux vastes allées avenantes
aux portiques de fer forgé
sillonnées à la belle saison
du vol incessant, des chants
… de nos très chères hirondelles

Porte-bonheur du Ciel
à tous les hommes de la Terre
- aujourd’hui disparues -

La grande cour de l'enceinte, quant à elle
n’accueillera jamais plus
le bêlement des agnelets, des agnelles
de l'antique berger des lieux
… Rouletabille, où es-tu ?

Pas plus que le dandinement
des canes de barbarie
conduisant leurs petits
à la vieille mare nauséabonde

Fini, le bruit sec des coups de marteau
du maréchal ferrant
occupé à garnir les sabots
des courageux chevaux de trait
Percherons, Frisons ou Ardennais

Fini, le spectaculaire jour des moissons
et la monstrueuse batteuse
d'un certain père Haraux
- les larges courroies tournaient
flottaient dans le vide
hypnotisaient l'enfant que j'étais -

Spectateur attentif
je suivais les scènes successives, ininterrompues
- des hommes debout -
couverts de poussière, chargeant sans arrêt
la gueule béante de l'énorme machine

Les gerbes grisâtres englouties
finissaient en paille de litière
mais surtout ô miracle
en millions de grains de blé dorés
remplissant à ras bord
les lourds sacs en toile de jute noués
que les hommes, les géants
portaient sur leurs larges épaules
… sans même courber l'échine

Le dur travail accompli
la maîtresse de ferme au cœur tendre
… à l'âme servante
dressait la grande table blanche
parée de miches de pain
de cochonnaille, de piquette de vin

Aux hommes fourbus, fatigués
il n'en fallait pas plus
pour retrouver toutes leurs forces
oublier, l'enfer passé ...


(A ma fille Mélanie,
... à la ferme de notre enfance).



Ligne-art-Poésie - Promesse de paix
Photo~poème


Fol été



Eole enfin se lève
fait naître à l’horizon
mille gerbes d’éclairs
trois cents coups de tonnerre
pour chaque goutte de pluie versée
chaque goutte de vie donnée

Offrande de Ciel
à la Terre-Mère
- elle implorait –

C’est tout le vivant qui t’attendait
toi la nécessaire, toi l’indispensable
sans qui le vert disparaît
pour le sec
le cassant des feuilles mortes
le feu dans les épines de pin
et puis un jour ... le sable

Homo sapiens sapiens
regarde derrière
c’est ainsi que naissent les déserts

Humaines mémoires



Rosées de brume
premiers rayons de soleil
la vallée nous parfume
de mille senteurs
mille fleurs de foin

Fenaisons

Gestes ancestraux
mille fois répétés
faux et faucilles
- bat, aiguise la lame -
pierre sèche pierre trempée
et encore je vois et encore j’entends
mon père mon grand-père
… penchés sur l’ouvrage
les femmes ne sont pas en reste
ce sont elles qui fanent
chapeaux de paille râteaux de bois
elles sont belles … c’était hier

Aujourd’hui règnent les machines
elles vomissent de lourdes balles
qu’elles disséminent ça et là
au hasard des fauches

« Hasard le grand »
- on sent la main de l’artiste -

Le peintre ne s’y trompe pas
il y voit de rondes meules
- Van Gogh en herbe -
il installe son chevalet
rêve sûrement
se laisse emporter
… à quelques siestes amoureuses

Garçons sur la charrette de fer
c’est nous qui rangions les bottes
portées à bout de fourche
par les hommes en sueur
il nous fallait conduire doucement
le petit tracteur rouge
« le McCormick »
première lente
tout juste au pas de l’homme

Dans les greniers immenses
la tâche terminée
on jouait comme des fous
on faisait le parcours du combattant
les grands n’avaient pas froid aux yeux
ils auraient pu se casser en deux

Reste ce mystère
pourquoi nos pères, le bon fermier,
d’un geste de semeur-né
épandaient le sel à la volée
sur les foins précieux
les foins silencieux
… en attente de l’hiver

De meules en balles
de cheval en machines
non, que jamais ne meurt
la poésie des fenaisons
avant juste avant
« le grand chant des moissons »





Ligne-art-Poésie- Ta part de ciel
Photo~poème

Originelles



Le temps d'un passage
les voix du ciel, les sauvages
nous prennent
nous emmènent
sur d'autres rivages

Accrochées à leurs ailes
nos âmes nomades
un instant s'évadent
retrouvent leur ciel

As-tu déjà pensé à ton âme
à l'Invisible qui te réclame

Sous ton lourd macadam
bien trop loin des étoiles
toi l'homme des villes
des campagnes fragiles
de ton être tu t'éloignes

L'infâme mercantile
en toi se faufile
tu n'entends plus
... l'appel des grues

Enchantement



Je me promène en pleine terre
... et pourtant ...
je la sens ronde la terre
vaisseau qui traverse
l'espace et le temps
traînant, humaine déesse
sa cohorte de prétendants

Un souffle m'arrête
trahit quelques présences
me retourne les cherche

... un vol de mésanges se dispersent
mes anges, mes anges ...

Chuuut ! tout près si près
sur une brindille d'herbe sèche
tendrement
une nymphe se berce



[ Poème tiré du recueil : "De la plaine à la vallée" ]


                

Des hommes, les mêmes



Poussières de terre
Poussières de sable
Portées par les vents
Portées par le ciel
Ici se mêlent
Ici se sèment
Des déserts, les semences errantes
Les froides et lourdes glaises s’ouvrent
Aux ocres brûlantes
Senteurs de bois d’ébène
Sueurs des hommes noirs
Des hommes blancs la même
Sel de la terre
De ceux qui se donnent de la peine
Au travail, au respect de la terre
Un germe, un espoir
Des hommes
La Terre, un seul et même jardin
… un espoir pour demain





Ligne-art-Poésie- Prix Poésie RATP 2021
Texte proposé au "Grand Prix Poésie RATP 2021"


Musique en quatre saisons



Écoute

tomber la neige
dans ton cœur d’enfant
mugir le vent
dans les harpes de pin

Écoute

au sortir de la Terre
les murmures de la source
quelques notes de pluie
sur les eaux de l’étang

Écoute

les soleils d’été
mûrir le champ de blé
l’éternelle rengaine
des vagues océanes

Écoute

sonner l’Angélus
dans la toile de Millet
les concerts du silence
... les césures d’octobre

Écoute

au vivant de l'amour
… les musiques d’un « je t’aime »




Intime promesse


Oui, je retournerai
à la source du petit coteau
nos lèvres se sont touchées
un lien secret nous unit

Oui, je te construirai
un mur de silence
contre le vacarme des routes

Oui, je te couvrirai
de mousseline blanche
contre les souillures immondes

Et sans autres effets
que nos vivantes solitudes
au plus froid de l’hiver
prisonniers de nos manteaux de glace

je viendrai nous consoler


                

D'ici et d'ailleurs


Perdu
au fourmillement des gares
des aéroports
des villes gigantesques
« ogresses, mangeuses d’hommes »
il s’enfuit
se sauve de l’anonyme
rentre chez lui
auprès des simples
des camomilles sauvages
des bleuets, des sainfoins

Le champ de blé …
… bercé par les vents
aux soleils de juin …
… dore ses épis



- Accès à la déclaration de Seattle du Chef des tribus Duwamish et Suquamish -


Ligne-art-Poésie- Le vieux Poirier
Photo~poème


Retour au silence


Lourd tracteur, fumées noires
Dents d’acier, semoir
Le geste auguste du semeur
Rangé, mis au placard

Son image pourtant nous reste
Gravée bien claire
Tout au fond de nos mémoires
Elle est au semeur à l’homme droit
Marchant seul, sur son arpent de terre
Les graines brunes ou blondes
Portées en bandoulière
L’orge, l’avoine le blé

Son bras se balance
Au rythme régulier de son pas
Sa main, ses doigts touchent le grain
Il se laisse prendre
A la volée se disperse
Offrande à la Terre Mère
Au ventre de Déméter

Un vol de palombes grises
Recueille … la part des Anges
Demain
Ils ensemenceront le Ciel
Orion le grand accoucheur
Lui, fera naître
Des millions et des millions d’étoiles



[ A Jean Giono ]
[ A Christian Signol ]



                

De l'autre côté


Courbé aux vents
la pensée dans mes pas
je m’évadais quand
transperçant les airs
le ciel m’envoyât
deux belles de passage
deux belles oies sauvages

Ensemble, elles claironnèrent
me sortirent de l’absence
me redonnèrent tous mes sens
… presque tous mes sens
instant précieux que cet instant

Filante, l’étoile au firmament





Ligne-art-Poésie- Hirondelle
Photo~poème


Et toi et moi et nous


Evolution du monde
Pollution, surconsommation
Les gens s’en fichent, ils en profitent
– Chacun à sa façon –
A tous les coins de rue
On entend dire
« C’est comme ça, on n’y peut rien »
Facile, trop facile
C’est une façon de s’en laver les mains

On peut tous faire quelque chose
Il n’y a pas de petites choses
La moindre action … fait changer le monde




                


Ecouter la poésie "Et toi et moi et nous"


Ligne-art-Poésie- Eclosion
Photo~poème


Poème... à la noix


D’un bec de corbeau
Ou même de corneille
Une noix vole dans les airs …
Bonne Fortune s’en mêle
« Vous ne mangerez pas cette noix
Je la destine à un homme »
C’est alors que l’oiseau noir
A son grand désespoir
Sent s’échapper de son bec
La délicieuse friandise
Son œil perçant suit sa chute
Telle crécerelle
Il fond sur sa proie …
Mais l’herbe est grande
La cache, à sa bouche gourmande
« Tant pis se dit-il grand seigneur
Je vais en quérir une autre »

Notre petite noix, toute retournée
Goûte la fraîcheur des mousses
« Grâce à elles se dit-elle
Je n’ai pas trop souffert
Et je suis bien mieux là
Que dans le ventre du trépas »

La terre de novembre
Encore chaude et tendre
Réveille en moi, le germe de vie
En deux mon corps se fend
« Ici, racine je vais prendre
Mère Nature va me nourrir
En son sein, je vais grandir »

Passent les saisons …
– La belle rencontre –
Au bas du verger
Il a vu ma jeune pousse
M’a reconnue, prise sous sa coupe
Protégé mon jeune corps
De la lame du faucheur
… Planté d’un beau tuteur
« Des grands vents du nord
Je n’aurai plus jamais peur »

Depuis, il veille sur mon bois clair
Comme sur ses propres chairs
Moi, j’étends ma couronne
J’affronte les hivers glacés
Les brûlures, les sécheresses
De ces fols étés
Heureusement, dieu merci je suis fort
Et, en cette année inclémente
Alors que mes frères noyers
Ont subi les fortes gelées

« Surprise je vais faire
A mon cher protecteur
Je vais lui offrir une noix
… Ma toute première noix »


[ A mon petit fils Naël ]


                

Mille neuf cent soixante trois


Au nord
la chambre glacée
le froid
entre par la fenêtre
les frêles carreaux se couvrent de givre
magie des arborescences
fougères des au-delà
– l’enfant immobile –
ses grands yeux s’émerveillent

Aux crépuscules de neige
fragile sentinelle
innocente vigie
il fixe le candélabre
la lampe de la rue
c’est elle qui révèle
les premiers flocons
ceux même qui l’hypnotisent
l’emportent vers d'autres ciels
– mais il a peur –
il a peur qu’elle s’arrête
fartée, sa luge est déjà prête

… sur le versant des forêts de la Dame
un grand chêne l’attend


[ A ma fille Gaëlle ]


                


Ecouter la poésie "Mille neuf cent soixante trois"


Ligne-art-Poésie- La beauté s'en ira aussi
Photo~poème


Bel canto


Pas de mains
toujours pas de mains
pour construire nos nids
que nos becs
nos tout petits becs
nos becs à tout faire
nos becs à écrire
le mien est jaune d'or
m'avez-vous reconnu
- rescapé -
je viens juste de revenir
mon chant haut perché
je vous l'offre tout entier
qu'il égaie encore et toujours
la tristesse de nos mauvais jours


à mon ami le merle
- victime de l'épidémie -



                

Sécheresse


J’arrosais mes jeunes arbres
– ils étaient en train de mourir –
de l’autre côté du mur
eux s’ébattent dans les eaux claires
la piscine de marbre
ils n’entendent pas
palpiter le cœur des arbres

Soleil de plomb
Je porte le dernier arrosoir


au fond du ru des basses terres
il ne reste qu’une flaque
l’eau est toute noire
elle porte le voile du deuil






Ecouter la poésie "Sécheresse"


Ligne-art-Poésie-The soul of the rose-Hommage à La Femme
Photo~poème


Hubris


Saison après saison
Dame Nature
vit son éternité
l'homme s'y trouve mêlé
pour une poignée de secondes
par on ne sait quel sortilège
ou quel beau privilège
s'en montre-t'il digne
il la protègera
s'en montre-t'il indigne
la vérité est là
l'homme est un souillon
à la démesure
toujours il succombe





Ligne-art-Poésie-Frappés par la grâce
Photo~poème


Dô *


D’oxyde de fer
en laisser faire
le train-train quotidien
déverse ses vapeurs grises
vieille locomotive
elle tire en ribambelle
ses drôles de wagons
– tous ces jours qui passent –
les roues frottent le rail qui les guide
elles s’usent doucement
mais toujours
gardent leur brillant

Chemin de fer, chemin de verre
la Voie, nous emmène loin
bien plus loin
au plus profond de nous-mêmes
au moyeu de la roue
humble vase rempli de Ciel



à Lao Tseu
[ *Dô : le sentier, la Voie ]



                

Trouble


Pont de bois pont de fer
Fragile passerelle
Sans cesse
L’eau coule sous le pont
Tantôt l’amont, il regarde derrière
Tantôt l’aval, il regarde devant
Dans le courant du présent
Un homme se perd
Ses yeux cherchent le fond
Le tréfonds de son être
Du … d’où je viens ?
Du … où je vais ?
Du … que fais-je ici ?




Crépuscule


Seul
le long des rivières
pas une âme qui vive
au travers du gris
sur le fil de brume
naissent … des lumières blanches

Lentement
elles glissent sur les eaux
viennent à lui
deux cygnes s’avancent

L’homme
sans bruit les contemple
un monde les sépare
.................................................

mais voici qu’ils dérivent
aux cascades du temps
au présent de l’instant
paradis des silences






Ecouter la poésie "Crépuscule"


Ligne-art-Poésie-Les sentes
Photo~poème
[ Huile sur bois 90x60 ~ D.Lintz ]





Balade du soir
ballade d’un soir
l’astre lumière
va quitter ma terre
ce n’est qu’un au revoir

L'espace d’un instant
sans me brûler les yeux
j’ai pu te contempler
ô toi, ô soleil couchant
voyageur d’éternité
tu es jeune
déjà je suis vieux


Songs on the road


Entre deux Cabrel
Dylan m’accompagne
La voiture nous ramène
A travers la campagne
Monochrome
La neige s’est fiancée
Aux terres des vallées
Vise le ciel
Trois cygnes nous emmènent
Aux pays des Sirènes
Un héron blanc qui s’envole
Léonard Cohen
Et l’âme s’affole
Busard Saint-Martin
Du noir au bout des ailes
Suzanne, Suzanne prend sa main

... à Francis, Bob et Léonard


                

De fini en infini


La vallée s’étire
la rivière se devine
aux bouquets des saules
aux herbes sèches
blotties au pied des fils qui blessent
enferment les vaches blanches

Aux ventres des mères
les nouveaux nés se rassurent
l’innocence s’immacule

Plus loin
un village aux tuiles rouges
son clocher d’ardoises
son phare de nuit

Tourné au nord
le coq girouette se perd
aux vapeurs bleues
des collines et des bois
déjà sous l’emprise du ciel

Mariage ancestral
et de terre et de vide
l’horizon tire
sa révérence finale
vieille frontière
passer au travers
… je chausse mes ailes




Ecouter la poésie "De fini en infini"


Ligne-art-Poésie- L'âme du sculpteur
L'âme du sculpteur|Photo~poème
[ Sur une oeuvre de Thierry Fleury - Sculpteur bois et bronze ]


Voyageuse


Rivière ô ma rivière
Des croisées de ma fenêtre
Tu sembles immobile
Je sais pourtant que tu files
Que tu cours comme une folle
Creuser d’autres terres
Sentir d’autres cieux
Caresser ton onde frivole

Innocente
Le fleuve te prendra
Au confluent de ses bras
Gonflera sa poitrine d’atlante
Te roulera dans ses eaux impatientes
Te fera perdre les sens
Oublier même
Les sources de ta naissance

Ensemble
Au partage des eaux
Vous glisserez vers la grande mer
Peut-être même qui sait, vers l’océan
- Quelqu’un en décidera –
Mais seulement à l’estuaire
Vous croiserez les vents du large
Les embruns salés, les cris du goéland





Ecouter la poésie "Voyageuse"

Spirit of St Louis


Gitanes
Fumées en volutes bleues
Perdues dans les airs
Silencieuses arabesques
Dernières traces de matière
Visibles
Puis invisibles
Emportées
Inspirées par les souffles
Le souffle des ailes

" Courrier sud "

" Vol de nuit "

" Terre des hommes "

" Le Petit Prince "

...

Cher Petit Prince

Qui réveille en nous
l'enfant qui sommeille
qui donne à l'homme
de si bons conseils

" L'essentiel
invisible pour les yeux
on ne voit bien qu'avec le coeur "

Ne jamais laisser
s'éteindre notre imaginaire
arrosons chaque jour
les roses, des petits, des grands amours

Faisons les choses pour rien
sans compter, sans toujours compter
accueillons à bras ouverts
les oeillets du poète
... ce sonneur de lune
... cet allumeur de réverbère


... à Antoine de SAINT-EXUPERY


                

Racines


Les racines dans la terre
La couronne dans les airs
Un tronc qui se dresse
Un voyage de sève
Un seul et même arbre
Un seul et même homme



Ligne-art-Poésie- Finir l'histoire
Photo~poème
[ Tableau : Afrique | technique mixte 25x25 ~ D.Lintz ]


Derrière la verrière


Bien au chaud
au creux du petit vallon
s'attardent les eaux tièdes
douces toisons
où nichent les oiseaux

Comme tombé du ciel
un vent d'amour s'y engouffre
promène son archet
sur les cordes tendues
de l'innocente Roselière

Voici qu'ils se balancent
au son des musiques qui dansent
se dressent
en brusques saccades mugissantes
marquent la cadence
ondulent
en vagues déferlantes
vacillent
au point d'orgue, s'immobilisent

Le souffle se retire
serpente dans les herbes tendres
dessine
la trace de son souvenir




Ecouter la poésie "Derrière la verrière"

Solitaires


Les ventres des forêts
ne sont pas faits pour les foules
pas plus que les hautes mers
les mourantes banquises
les paradis blancs
ils sont pour les voyageurs
les ermites au grand cœur
les penseurs extrêmes
les amis du vent
ceux qui n’ont pas peur
pas peur de la houle
des violentes tempêtes
des colères du ciel
de l’âme qui se brise
ceux qui n’ont pas peur
des hordes de loups, de l’ours polaire
des griffes de l’ennui

longs silences amers
le chant de mes-anges
décibels d’un je t’aime


à Jacques Brel, Sylvain Tesson, Vincent Munier


                


Ecouter la poésie "Solitaires"

Migrantes


Toutes voiles de vent
D’ailes de chants
Mille vagues de grues
Déferlent dans le ciel
S’attendent, tournoient
Construisent, reconstruisent
La proue du navire
Pour aujourd’hui fendre les airs
Mais demain
Cœurs d’hommes, matelots et marins
Trois-mâts, caravelles
Ensemble
Vous irez fendre
Ô Saintes Marie de la mer
Des paradis peints en bleu
D’insondables océans




Ecouter la poésie "Migrantes"

De guerre les crimes



Armés jusqu'aux dents
sans retenue, aucune
les vainqueurs présumés
de conflits mortifères
- un jour -
trouveront sur leur route
les forces éternelles
d'une justice immanente
qui, quoiqu'il arrive
les brisera ...

De leurs mains


Pas une pierre
pas une essence qu’ils n’aient sculptées
pas une glaise qu’ils n’aient façonnée
sortie des carrières, des bois et forêts
sortie des tranchées
Matière vivante
Matière pensante
il nous faut la réveiller
il nous faut l’éclairer
et nos mains et nos cœurs
et nos joies et nos peurs
avant que n’apparaisse
enfin libérée de sa gangue
la précieuse forme en attente
rencontre amoureuse
Naissance
œuvre silencieuse
Présence




Ecouter la poésie "De leurs mains"

Blanche


Seule dans le ciel
la lune éclaire la Terre
elle ne tombe pas
ceinte d'un halo de brume
elle est reine de la nuit
dans mon jardin paradis
le merle mène les choeurs
le roi soleil est ailleurs
je ne suis qu'une fourmi



Ligne-art-Poésie-âme - Percée de lumière
Photo~poème


Cataracte


La mort est dans les airs
La mort est à nos portes
Ton énergie n'est pas propre
Ô centrale nucléaire

Vous les magnats du kilowatt
Vous les marchands d'atome

L'uranium vous a assez enrichi
Arrêtez on vous en supplie
Vous menacez la vie de l'Homme
Vous menacez la vie de nos mômes

Déchets nucléaires
Vous pourrissez le coeur de la Terre

Arrêtez de nous mentir
La bonne fée électrique
N'est plus qu'une bombe atomique
Le pire est à venir

Hiroshima, Tchernobyl
ça ne vous a pas suffi

Maintenant c'est Fukushima
La mort a remplacé la Vie
La Nature et les Hommes sont irradiés
Les Enfants vivent enfermés

Malheureux survivants
Honte aux gouvernants

Le Japon a perdu ses Jardins
Sur sa Terre il ne pousse plus rien
De grâce Seigneur écoute ma prière
Arrête à jamais l'arme nucléaire


        


Ecouter la poésie "Cataracte"

Jeunes hommes


Disciples de Bacchus
Chercheurs d'ivresse
Vous faites fausse route
Gardez clairs vos esprits
C'est debout que l'homme est beau

Aux délires d'Epicure
Préférez les grandeurs de l'âme
Aux comas éthyliques
Les caresses orphiques
Les doux chants de l'amour

Vaillants chevaliers
Vos belles vos bien-aimées
Vous montrent le chemin
De paradis enchantés
De mondes insoupçonnés

En compagnons fidèles
Au-delà des plaisirs vulgaires
Des vieilles fanfaronnades
Vous trouverez des septièmes ciels
De sublimes escapades


                


Ecouter la poésie "Jeunes hommes"


Ligne-art-Poésie- Ame
Photo~poème


D'hier et d'aujourd'hui


Les écorchés vifs
saignent au dehors
saignent au-dedans
ne cicatrisent jamais

Chantres de l’amour
chevaliers de justice
porteurs d’idéaux

Ils rêvent de partage
de monde meilleur
d’eau et d’air purs
de paix de silence
… et de chants d’oiseaux


                


Ecouter la poésie "D'hier et d'aujourd'hui"

Noces


Indifférent
à la folie des hommes
le petit ruisseau
fredonne quelques chants
caresse les fils racines pourpres
des saules immobiles
les verts, les jaunes des mousses
aux herbes courtes
... se marient


                


Ecouter la poésie "Noces"

Matière dernière


Plastique, élastique
Cassant, extensible, filant, collant, fixant
Brillant, transparent, artifice
Couvrant, sac néfaste, dégueulasse
Souillure
Cellophane

Plastic, plastoc
Impure transparence
Impureté, étrangère matière
Envahissante tu salis la Terre

Tu es partout, tu t’installes
Ton règne s’étend
Du fond du frigidaire aux tours incendiaires
Fumées noires, puantes, étouffantes
Asphyxie

Tu dérives sur les océans
En îles du néant
Déchets insalubres
Des hommes qui naviguent
Amalgame lugubre
Poison de mer
Cimetière


                


Ecouter la poésie "Matière dernière"


Ligne-art-Poésie- Trois couverts à la huit
Photo~poème


Créatures et Créateur


Paysan des champs
Tu plantes borne à borne
Avoines et froments
A ton oreille l’argent sonne

As-tu seulement pensé
A la belle de mes pensées
A jamais dans ma mémoire
Son image se fait miroir

Toi aussi tu la connais bien
Elle apparaît sur tes chemins
En file indienne ses petits
De notre vie elle fait partie

Sa peur a le droit de vivre
Entre la balle du chasseur
Et la lame du faucheur
La créature se bat pour survivre

Notre-Dame Perdrix
Notre-Dame de cœur
Elle est un peu notre sœur
Où va-t-elle faire son nid




Ecouter la poésie "Créatures et Créateur"


Ligne-art-Poésie- Le temps qui passe
Photo~poème


Juste un peuplier


Me voilà par terre
certes j’étais un vieil arbre
plus de trois fois centenaires
ne faisant rien sur Terre
que de compter les étoiles
les nuits de pleine lune
je lisais dans les âmes

Pourtant j’aimais tant, les caresses du vent
celles qui faisaient chanter
toutes mes feuilles entre-elles
mes feuilles dorées
à la fin de l’été

Mais quand soufflait sa colère
seul je l’affrontais, et de face s’il vous plait
au premier éclair
je priais Mélisande
je ne suis qu’un bois tendre
une boîte d’allumettes
qu’on plante dans les marécages
les marais d’un autre âge

Un peu de soufre sur la baguette
un bois qui souffre dans les tempêtes
il casse comme du verre
disait mon grand-père
il a fait toutes les guerres
regardez bien ces éclats
au bout de ses doigts
la rouille noircit ses chairs
bientôt brisera
la hache qui le pourfendra

Pas de respect pour les Pépères
alors courez vite leur dire
à ces froids décisionnaires
que je ne suis pas mort
que je viendrai leur gratter le cul
au fond des cimetières




Ecouter la poésie "Un peuplier"

Ère solaire, premier acte


Les glaises s'écartent
en profondes crevasses
le soleil brûle
fend les terres du nord
les rues sont désertes
personne ne sort
mon puits est à sec

1976, 2003, 2015
le mercure toujours plus haut
toujours plus dingue

Moteurs, climatiseurs
rejets dans l'atmosphère
excrétions brûlantes
de chaud, les peuples crèvent
fondent les glaciers
les calottes polaires
montent les océans

La Terre est malade
l'Homme et la Terre ne font qu'un
il est lui-même malade

Profonds déséquilibres
combien devront encore souffrir
combien devront encore mourir
avant que cette humanité
prenne enfin conscience
des tristes réalités
l'heure est grave, l'avenir fait peur

Personne n'a le droit
de condamner les générations à venir
il nous faut agir

Le vieux modèle est périmé
pour eux, pour nous je vais changer
changer mes mauvaises habitudes
revenir à l'essentiel
la Vie, l'Air, l'Eau
nous n'avons qu'une seule Mère
elle s'appelle Terre

Aimons la Nature
aidons-là, respectons-là
Elle nous sauvera


Éros


La folie amoureuse
Sous les coups de l'horloge
Résiste et puis se loge
A son achèvement
Dans cette ride bienheureuse
Qu'est la tendresse des amants


                


Ecouter la poésie "Eros"


Ligne-art-Poésie- Invisible
Photo~poème


Des mains


Des mains pour faire le pain
Préparer la terre, semer le grain
Des mains pour construire sa maison
Allumer le feu, couper le bois
Des mains pour filer la laine
Tisser l’habit, combattre l’ennui
Cueillir les fruits de la Terre
Jeter les armes de guerre
Des mains pour des poignées de mains
Des mains pour effleurer ta joue
Des mains pour préparer le repas
Des mains pour tailler la vigne
Protéger la Terre
Déconstruire les centrales nucléaires
Des mains pour boire à la source
Laver son corps et son âme
Des mains pour peindre la toile
Sculpter la pierre, faire courir l’archet
Faire vivre la page blanche
Ecrire des mots d’amour
La lettre du père Noël
Des mains pour éteindre la télé
Ouvrir des portes, faire la ronde
Des mains pour la main de l’enfant
Pour lire dedans, offrir un présent
Gagner honnêtement sa vie
Donner la pièce au mendiant
Des mains pour caresser le chien
Apaiser la douleur des corps
Des mains pour soutenir le vieillard
Bénir la tombe du mort

Des mains … pour mettre au monde l’enfant




Ecouter la poésie "Des mains"

Servantes


Penchées sur les lourdes dalles
Les cireuses de pierres tombales
Ecoutent leurs mères défuntes

Derrière les voix du silence
Peut-être même qu’elles entendent
Du chant des âmes les plaintes


                

Le rossignol et la rose


Arrivé au port
Dans le dernier corps
Les yeux fermés
La bouche close
L’étincelle lumineuse
A l’étoile se rallume
Le souffle de Vie
Au vent se remarie
L’âme à l’Esprit
Brûle sa flamme
L’Amour de nos cœurs
A la rose s’exhale
Eglantine
Chante, chante rossignol chante



Ligne-art-Poésie- Parnasse
Photo~poème


Barrières


Les mémoires entassent
Des haines tenaces
L’histoire n’est faite que de guerre
La Terre emmurée de frontières

Elle n’est qu’une pourtant
Depuis la nuit des temps
Ses enfants l’ont oublié
Oublié le sens d’Humanité

Les mémoires entassent
Des haines tenaces

Effaçons les noires ardoises
Arrêtons de nous chercher des noises
Déchirons tous nos atlas
La Terre les Hommes une même race

Offrons nos ombres à la lumière
Partageons le bon pain de la Terre
Aimons de tout notre cœur
Les hommes Tous, frères et sœurs


                


Ecouter la poésie "Barrières"

Mademoiselle Amélie


Il orne la tombe vulgaire
De menthes odorantes
Son âme a fui le cimetière
Son souvenir me hante

Mais passant, que sais-tu d’elle
La pierre parle d’enseignante
Une belle Demoiselle
Une maîtresse... une amante

A l’école communale
Elle est mère elle enfante
Nos mémoires adolescentes
Petites âmes sentimentales
Pour un peu de son savoir
On conjugue l’auxiliaire avoir
A tous les temps de l’imparfait
On croit que c’est elle qui sait

Fini le vent dans nos sandales
Adieu bel être original
A trop compter avec aisance
On a perdu l’esprit d’enfance

Peut-on un jour le retrouver
Ce paradis des tendres années
Ce monde où tout est innocence
ô temps béni de l’insouciance


Ligne-art-Poésie- Fugitive
Photo~poème


Mozarire


De ma vieille boîte à souvenirs
Quelques mots se sont échappés
Ils me reviennent comme un soupir
D’une mère à l’enfant que j’étais

Ils sentent bons la chandeleur

A mardi gras c’est carnaval
Elle souriait dans son chandail
« Déguise-toi donc c’est pas banal
en coin de rue, en soupirail »

Des mots qui chantent des mots à rire

Arrivent avril et ses poissons
« Va donc chercher l’marteau
à enfoncer l’clou des saisons »
Le village sourit dans mon dos

« Poisson d’avril pour l’imbécile »

Il serait bien tombé d’la lune
Ce doux rêveur à l’âme blanche
Tourne la roue de la fortune
Il connaissait la paix des anges

« Chante-sonne crécelle »

Deux nids de paille dans le jardin
Un lièv’de pâques au p’tit matin
Le frêle enfant aime sa maman
Dans un des nids … la clé des champs


Rencontre


Voix vivantes
Voix d’au-delà
La tienne est là
Plantée dans nos ventres

Claire comme la source là-bas
Sa chaleur nous enchante
Donne le « la »
Dans ce monde contrebande

Près d’Aubenas
Sur la place bruyante
Au milieu de tes gars
La foule t’aimante

Assis à quelques pas
Les amants te contemplent
Dans tes yeux un éclat
C'est ton âme qui tremble

Seuls dans leur anonymat
Ils rêvaient de t’entendre
De partager avec toi
La montagne apaisante


Hommage à Jean Ferrat
Antraigues sur Volane
Ardèche - 1998



                


Ecouter la poésie "Rencontre"


Ligne-art-Poésie- L'arbre s'immacule
Photo~poème


Riches de terre


Nous les aristos
Du peuple d’en bas
Notre particule
N’est pas majuscule
Juste un nom commun
Venu d’un métier de mains
Un ancêtre laboureur
On l’appelle Lesemeur
Dans les champs du hobereau
Résonnent encore ses pas

Il marche dans la raie
Trace le sillon
Six chevaux pour un fer
La terre ne se laisse pas faire
Il lui faut ceindre ses reins
Et avancer debout
Le ciel à l’horizon
La joie à l’autre bout
L’homme est en paix
Un bol de soupe, un verre de vin
Il plante la graine d’épeautre
Pas pour lui, mais pour les autres


Déméter


Et l’automne se pose
Mille fils tissés de mille gouttelettes
Relient et veillent
Les blés d’hiver en paillettes

Trame argentée froide terre mouillée

Pas un souffle de vent
De longs roulements couvrent
L’éternel silence
De la vallée endormie

Un lointain soleil verse sa lumière blanche

La rivière est grosse, bouillonnante, opaque
Les chemins lourds, défoncés pleins de flaques
Les rouges aubépines, les églantines
Vermillonnent la toile verte de gris
Quelques accents dorés trois branches de gui

Sur l’autre rive, de l’autre côté
L’île aux oiseaux résonne encore
Et des chants du rossignol
Et du printemps de l’amour
Ses flûtes enchantées

Là-bas, le saule « limite »
Attend une visite
L’aulne solitaire
A l’inaccessible t’invite


– Vallée de la Seille –
Pouilly près de Metz



                


Ligne-art-Poésie- Ardèche
Photo~poème


Tempêtes


Les tempêtes du ciel
ont mille visages

De montagnes de dunes
en roses des sables
les sables du désert
ne sont plus qu’un mirage

Les tempêtes du ciel
ont mille visages

Sous l’œuvre des vents les coulées de neige se rangent
bâtissent en hautes congères
des cathédrales, des muses blanches

Les tempêtes du ciel
ont mille visages

Un peu de leurs souffles
et les poussières d’étoiles s’aimantent
un souffle à chacun
la vie, la vie dans nos mains

Les tempêtes du ciel
ont mille et un visages

A la fin des orages
naissent des arcs-en-ciel
ils relient la part manquante
à l’Invisible, caché dans nos ventres


Dominicale Messine


Novembre sur la ville
Balade pour chasser l’ennui
Un homme place Mazelle file
Voici que je pense à lui

Vieille connaissance
Du temps des cravates-colliers
Vingt ans se sont écoulés
Il garde le sien, je pars en errance

Pensées vagabondes
Et déjà la nuit tombe
Réverbère de l’esprit
Non, non ce n’est pas lui

Quai du Rimport
Longe le bras mort
Le temple s’illumine
L’île aux amours ses cygnes

De bronze, Lafayette le Poilu
Gardent l’esplanade
L’Arsenal est en vue
S’achève la promenade

La guerre s’expose
Les photos nous implosent
On repart défait
Philippe, au pied de l’escalier

A ton bras tout le charme d'Yvonne
Pour toi l'heure de la retraite sonne
Te voilà libre à présent
De penser, d'agir autrement


– Metz –
« De surprise en surprise »
Pour nos amis Philippe et Yvonne



                


Ligne-art-Poésie- L'alisier blanc
Photo~poème